Lamartine et l’abbé Lambert-suite

Les entrevues de Lamartine avec l’abbé Lambert

Première visite 

« Je pris la poste, accompagné d’un jeune homme de Mâcon, devenu depuis mon collègue à l’Assemblée constituante de 1848, que je ne crois pas devoir nommer ici sans son autorisation, mais qui attesterait, je n’en doute pas, ce voyage et cette enquête que nous fîmes en commun à Bessancourt (…)

Le curé de Bessancourt, encore vert et comme présent à tout ce passé, nous donna tous les renseignements désirés sur les derniers jours, sur les diverses dispositions d’esprit, sur les conversations des condamnés. Nous écrivions les scènes, les portraits, les paroles, à mesure que ces souvenirs, provoqués par nos questions, se retrouvaient et se déroulaient dans la mémoire du vieillard. C’étaient comme les notes du tableau historique et véridique que je me proposais de composer d’ensemble à mon retour. Une journée suffit à peine à recueillir ce témoignage du seul et dernier témoin connu de ce grand drame. L’interrogatoire du curé de Bessancourt ne fut interrompu que par le déjeuner et le dîner que nous prîmes à sa table frugale. Nous le quittâmes le soir, pleins de reconnaissance pour son accueil et pleins des souvenirs vivants que nous emportions de ses entretiens ».

Seconde visite 

Lamartine rencontre l’abbé Lambert, quelques jours ou quelques semaines plus tard.

« Peu de temps après, je repartis de Paris pour Bessancourt, afin de compléter et d’éclaircir quelques autres circonstances du récit restées obscures dans mon esprit. J’étais accompagné cette fois par un homme de lettres, confident de mes travaux et devenu lui-même l’éminent historien d’une autre époque de notre histoire. Sa parole ne me manquerait pas au besoin. Ce second voyage de Bessancourt et les renseignements minutieux de l’abbé Lambert complétèrent ma conviction. Je n’eus qu’à rédiger ses témoignages. Il est sans doute possible qu’après un si long laps de temps, le curé de Bessancourt ait commis quelques inadvertances de noms, de dates, de détails sur des personnages si nombreux alors dans les prisons et sur leurs rôles respectifs dans ce drame pathétique de leur dernière heure ; mais il est impossible à qui a entendu ce modeste et sincère témoin de ces scènes de révoquer en doute sa véracité. Il n’avait jamais songé jusque-là à se faire un mérite de ce hasard qui l’avait mis en rapport avec les Girondins. 

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