Lamartine et l’abbé Lambert-suite

  L’abbé parlait peu. Il n’écrivait rien. Je pense qu’il n’aimait pas à reporter la pensée de ses paroissiens sur ses parcours antérieurs. A savoir, sa qualité de prêtre assermenté et constitutionnel dans sa jeunesse. Il penserait peut-être qu’il était plus importun qu’empressé d’être cité en témoignage sur ces événements de la Révolution Françaises qui lui rappelaient une faute d’orthodoxie sacerdotale, expiée depuis par sa rétractation.

Si ces témoignages de la consciencieuse minutie de mes recherches ; si, en particulier, ces preuves de l’existence bien réelle de l’abbé Lambert ne suffisaient pas pour édifier l’écrivain qui m’attribue l’invention de cette prétendue fable, voici, à ce sujet, une lettre d’un des principaux habitants de Bessancourt, qui m’arrive aujourd’hui, avec l’autorisation de la reproduire :

Correspondance d’un Bessancourtois

Voici le courrier d’un habitant de Bessancourt à Alphonse de Lamartine.

« Monsieur,

Je n’ai pas besoin de remonter bien loin dans mes souvenirs pour attester que le vénérable abbé Lambert a été, pendant de longues années (depuis 1816 jusqu’en 1847, année de sa mort), curé de Bessancourt (Seine-et-Oise) ; que cet ecclésiastique a toujours passé dans la commune pour avoir été l’ami des Girondins et le pieux consolateur de quelques-uns d’entre eux la veille de leur supplice, en 1793 ; et que vous êtes venu, accompagné d’un de vos amis ou collègues dont le nom m’échappe, passer de longues heures chez M. le curé Lambert dans son presbytère de Bessancourt, pour recueillir personnellement, de la bouche de ce vieillard, tous les détails que vous rapportez dans votre Histoire des Girondins. C’est là, monsieur, que j’eus l’honneur de vous connaître, d’assister à vos entretiens à la table de M. le curé Lambert, et de vous recevoir dans ma maison de Bessancourt dans l’intervalle de ces entretiens.

Beaucoup d’habitants du village ont conservé comme moi le souvenir de cette enquête et la certifieraient au besoin.

Recevez, monsieur, l’assurance de ma considération la plus distinguée.

  1. Nalin

Bessancourt, le 9 juillet 1861 »[1].

[1] Alphonse de Lamartine, Histoire des Girondins, Vol. 7, 1861, p. 97

 

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