La saga de l’abbé Lambert (suite_2)

Philippe Égalité, duc d’Orléans

Louis Philippe Joseph, duc d'Orléans dit Philippe Égalité

Louis Philippe Joseph, duc d’Orléans dit Philippe Égalité

Comme duc d’Orléans, il me semble utile de préciser qu’il s’agit du duc de Chartres, puis duc d’Orléans (1785-1793). Il a  changé son nom en Philippe Égalité après 1792. Prince du sang français, il est né au château de Saint-Cloud le 13 avril 1747. le 6 novembre 1793  il a été guillotiné à Paris .

Les services de l’aumônier Lambert n’ont eu de succès pas plus  auprès Marie-Antoinette qu’auprès de Philippe-Égalité.  Et pour cause. L’abbé Lothringer ne semble tenir des propos humiliants dans sa mission auprès des prisonniers avant leur exécution ; « L’abbé Lothringer avait interrompu une longue et noble déclaration du prince (Louis-Philippe d’Orléans) en lui disant « Allons, monsieur, c’est assez gémir, il faut vous confesser ! ». Le ressenti l’abbé Lambert, c’est Lamartine qui le rapporte dans son ouvrage l’Histoire des Girondins.

 « L’abbé Lambert, homme délicat et sensible, souffrait intérieurement de la maladresse de son confrère, de la grossièreté des soldats, de l’humiliation du condamné. Il aborda, avec une contenance respectueuse et attendrie, le prince.

– Égalité, lui dit-il, je viens ici t’offrir les sacrements ou les consolations du moins d’un  ministre du ciel. Veux-tu les recevoir d’un homme qui te rend justice et qui te porte une sincère commisération ?

– Qui es-tu, toi ?, lui répondit, en adoucissant sa physionomie, le duc d’Orléans.

– Je suis, reprit le prêtre, le vicaire général de l’évêque de Paris. Si tu ne désires pas mon ministère comme prêtre, puis-je du moins te rendre, comme homme, quelque service auprès de ta femme et de ta famille ?

– Non, répliqua le duc d’Orléans, je te remercie : mais je ne veux d’autre œil que le mien dans ma conscience, et je n’ai besoin que de moi seul pour mourir en bon citoyen »[1].

Louis Ferdinand Amable  Lambert, commissaire

Sous le consulat, après le coup d’État du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), qui a  renversé le Directoire (1795-1799) le régime politique français   entreprend la réorganisation des services civils . La loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800)  lors de la mise en place de l’administration départementale, Boulogne-sur-Mer devient le siège de la sous-préfecture du Pas-de-Calais. Elle est administrée par un Douaisien, Amé Masclet.  Ensuite le comte Castéjia le succède.  Aux différents services du département,  sont nommés des administrateurs d’horizons et de compétences divers. La sécurité et l’ordre public sont assurés par une brigade de gendarmerie commandée par le lieutenant Hacot.

Le commissariat général de police des côtes de la Manche et de la ville de Boulogne-sur-Mer est assuré par Amable Lambert[2].

Amable Lambert, commissaire regretté ?

Jugez-en vous-même sur les témoignages ci-dessous. 

Caron, un de ses subordonnés,

 « Il me reste le regret de ne plus pouvoir seconder un fonctionnaire dont le zèle promet à cette ville l’exacte exécution des lois de police trop longtemps négligées » lui écrit-il.

Alphonse Honoré Taillandier

« Un bel homme d’une quarantaine d’années, à la figure sympathique tout en respirant l’énergie, aux façons un peu rudes peut-être, mais adoucies par l’usage acquis dans la fréquentation du monde intelligent et instruit.

 

Ernest Dessein (1835-1889) Archiviste à la ville de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, Auteur d’ouvrages sur Boulogne-sur-Mer

« L’abbé commissaire prit sa mission très au sérieux. Son dévouement était très apprécié par tous les citoyens. L’un de ses subordonnés, un nommé Caron, à l’heure où il quitta ses fonctions municipales, lui écrivit : « Il me reste le regret de ne plus pouvoir seconder un fonctionnaire dont le zèle promet à cette ville l’exacte exécution des lois de police trop longtemps négligées.

Il est vrai que les difficultés étaient légion et le furent bien davantage encore avec l’établissement des camps de la Grande Armée dans le Boulonnais. »

Le maire de Boulogne-sur Mer, probablement Monsieur  Louis POCHOLLE de MENNEVILLE 

Maires de Bonmogne-sur-Mer: En savoir plus

Lambert fut regretté à Boulogne et avant son départ. Le maire de la ville le 19 novembre, le remercia publiquement pour les services qu’il avait rendus à la ville. En effet, sans déroger aux devoirs de sa charge, il avait réussi à « concilier des besoins opposés, ramener nombre d’égarés à l’obéissance des règlements et à maintenir les droits de chacun quand ils n’étaient pas en désaccord avec l’intérêt général ».

Dans les moments difficiles, menaçants même, il rendit de grands services aux Boulonnais, sachant faire la part des choses entre la loi et l’humanité.

Grâce aux relations qu’il avait conservées dans la capitale, il obtint quelques avantages substantiels pour la ville de Boulogne.

En effet tout donne à croire que l’intrépide Louis-Ferdinand Amable Lambert a eu de solides relations dans ce Paris de Terreur. Ces appuis lui ont été utiles à la fin de son cursus administratif et de son apostolat.

[1] Alphonse de Lamartine, Histoire des Girondins, 1847, p. 72.

[2] Histoire de Boulogne-sur-Mer ville d’art et d’histoire ; Alain Lottin (dir) ;Edition  Presse Universitaire du Septentrion ; 3e édition, 2014

 

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